Le gouvernement Bayrou s’apprête à dévoiler, dans une dizaine de jours, un plan censé éradiquer les déserts médicaux qui gangrènent la France. Le Premier ministre lui-même a promis des « réponses efficaces, immédiates, concrètes », allant jusqu’à évoquer des propositions « particulièrement innovantes ». Mais derrière les grandes déclarations, un profond malaise se fait sentir, tant du côté des professionnels de santé que des parlementaires.

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, semble vouloir miser sur des mesures déjà bien connues, et dont l’efficacité reste à prouver. L’idée de faire sauter ce qui reste du numerus clausus – rebaptisé numerus apertus, mais toujours aussi restrictif – est un serpent de mer qui refait surface à chaque crise. Pour rappel, le numerus clausus est un système de limitation du nombre d’étudiants admis en deuxième année d’études médicales, instauré pour maîtriser les dépenses de santé, mais souvent accusé d’aggraver la pénurie de médecins. Augmenter le nombre de places en deuxième année est une solution à long terme, qui ne répond pas aux besoins immédiats des populations privées d’accès aux soins.

Autre mesure envisagée : faciliter le retour des étudiants français en médecine formés à l’étranger. Si l’intention est louable, il faut s’assurer que ces étudiants bénéficient d’une formation équivalente à celle dispensée en France, et qu’ils soient correctement intégrés dans le système de santé. Enfin, le ministre compte accélérer la régularisation des PADHUE (Praticiens à Diplôme Hors Union Européenne), ces médecins étrangers qui assurent déjà un grand nombre de postes dans les hôpitaux. La transformation du concours en simple examen, voire en un simple avis du chef de service, risque de susciter des inquiétudes quant à la qualité des soins dispensés, même si la reconnaissance de leurs compétences est plus que nécessaire.

Mais le véritable point de friction réside dans la question de la contrainte à l’installation des médecins. Une proposition de loi dite Garot, soutenue par une large majorité de députés de tous bords politiques, prévoit de soumettre l’installation d’un médecin libéral à une autorisation de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Concrètement, un médecin pourrait s’installer librement dans un désert médical, mais devrait attendre le départ d’un confrère pour s’installer dans une zone déjà bien dotée. Cette proposition, bien que controversée, vise à rééquilibrer la répartition des professionnels de santé sur le territoire. Elle se heurte toutefois à une opposition farouche des syndicats de médecins et d’étudiants, qui dénoncent une atteinte à leur liberté d’installation, une liberté pourtant souvent exercée au détriment de l’intérêt général. Une grève est d’ailleurs annoncée le 28 avril pour protester contre cette proposition. L’absence de consensus sur cette question cruciale augure d’un bras de fer intense dans les semaines à venir.

L’opposition parlementaire, quant à elle, critique ouvertement le manque de cohérence et de lisibilité de la politique de santé du gouvernement. Certains députés déplorent que le gouvernement ne s’appuie pas sur le travail transpartisan réalisé au Parlement, et dénonce un « détricotage » des initiatives parlementaires. D’autres, plus virulents, estiment que « tout ce qui se passe en matière de santé est illisible et brouillon ». Cette cacophonie ambiante ne fait qu’ajouter à la confusion et à la frustration des citoyens, qui attendent des solutions concrètes et rapides pour lutter contre les déserts médicaux.

Cet article a été fait a partir de ces articles:

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