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Diabète de Type 2 : L’Inégalité Silencieuse Entre les Sexes et la Nécessité d’une Révolution Diagnostique

Le diabète de type 2, une maladie chronique caractérisée par une hyperglycémie (un niveau élevé de glucose dans le sang) due à une résistance à l’insuline ou à une production insuffisante d’insuline, frappe différemment les hommes et les femmes. Si les statistiques révèlent une prévalence plus élevée chez les hommes, avec environ 18 millions de cas supplémentaires dans le monde, cette donnée masque une réalité plus insidieuse : lorsque les femmes reçoivent un diagnostic, il est souvent plus tardif, associé à une masse graisseuse plus importante et, plus alarmant encore, à un risque accru de décès liés à cette maladie, en particulier les maladies cardiovasculaires. Cette disparité souligne la nécessité urgente de comprendre les différences biologiques et sociales sous-jacentes et de repenser les stratégies de dépistage et de prise en charge. L’hypothèse d’un sous-diagnostic chez les femmes, où des cas potentiels seraient manqués, ajoute une couche de complexité à ce problème.

Plusieurs facteurs concourent à cette inégalité. Bien que de nombreux facteurs de risque soient universels, ils se manifestent souvent plus tardivement chez les femmes. De plus, la présentation de la maladie pourrait différer, échappant ainsi aux outils de diagnostic classiques. Le professeur Michael Leutner, spécialiste en endocrinologie et métabolisme, souligne que l’utilisation sélective de certains tests et l’omission d’autres sont une « cause majeure de sous-diagnostic chez les femmes ».

Les hormones jouent un rôle prépondérant dans la physiopathologie du diabète de type 2, et les fluctuations hormonales majeures qui jalonnent la vie d’une femme – grossesse et ménopause notamment – influencent considérablement le développement et la progression de la maladie. Le diabète gestationnel, qui survient pendant la grossesse, est un « prélude puissant à ce qui va suivre », selon Judith Regensteiner, experte en santé des femmes. En effet, un diagnostic de diabète gestationnel est le principal facteur de risque de diabète de type 2 chez les femmes, certaines études suggérant un risque multiplié par huit. Ces chiffres sont accablants et plaident pour une surveillance accrue des femmes ayant un antécédent de diabète gestationnel.

L’accumulation et la distribution des graisses corporelles, un autre facteur de risque clé, diffèrent également entre les sexes. Avant la ménopause, les femmes ont tendance à stocker la graisse au niveau des hanches et des cuisses, une localisation moins nocive sur le plan métabolique que la graisse viscérale. La graisse viscérale, explique Peter Goulden, s’accumule profondément autour des organes et libère des acides gras libres qui augmentent la résistance à l’insuline, l’hormone indispensable au transport du glucose dans les cellules. La résistance à l’insuline perturbe ce processus et entraîne une accumulation de glucose dans le sang. Les bouleversements hormonaux de la ménopause, en particulier la baisse des œstrogènes, modifient ce schéma, favorisant l’accumulation de graisse viscérale. Cette accumulation de graisse abdominale profonde s’avère plus délétère chez les femmes que chez les hommes : chaque kilogramme de graisse viscérale multiplie par sept le risque de diabète de type 2, soit environ trois fois plus que chez les hommes. Ce lien entre la ménopause et la graisse viscérale pourrait expliquer pourquoi le diagnostic est souvent plus tardif chez les femmes. De plus, cette graisse peut s’accumuler sans nécessairement entraîner une obésité visible, ce qui peut échapper aux outils courants comme l’indice de masse corporelle (IMC). Une étude a révélé que le tour de taille était un meilleur prédicteur du diabète de type 2 chez les femmes que l’IMC, plus pertinent chez les hommes. L’American Diabetes Association recommande d’ailleurs de prendre en compte le tour de taille en plus de l’IMC dans l’évaluation de l’obésité.

L’œstrogène joue également un rôle protecteur dans la régulation de la glycémie. En se liant à ses récepteurs, il améliore la sensibilité à l’insuline et protège les cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline. La chute des niveaux d’œstrogènes à la ménopause diminue la capacité de l’organisme à gérer efficacement le glucose, augmentant ainsi le risque de diabète de type 2.

Ces facteurs hormonaux expliquent en partie pourquoi de nombreuses femmes développent le diabète de type 2 plus tardivement que les hommes. Cependant, les outils de diagnostic pourraient également ne pas détecter les signes précoces de la maladie chez les femmes plus jeunes aussi efficacement que chez les hommes. L’hémoglobine glyquée (HbA1c), un test sanguin courant qui mesure le taux de glucose moyen sur plusieurs mois, est souvent utilisé pour sa commodité. Cependant, des données récentes suggèrent qu’il pourrait sous-estimer le risque chez certaines femmes plus jeunes, qui ont typiquement des niveaux d’HbA1c plus bas que les hommes du même âge avant la ménopause. Des chercheurs taïwanais suggèrent donc d’adapter les seuils diagnostiques de l’HbA1c en fonction de l’âge et du sexe. Bien que les seuils actuels restent identiques pour les deux sexes, certains experts, comme Peter Goulden, appellent à des études cliniques prospectives supplémentaires pour justifier un changement potentiel.

Au lieu d’ajuster les seuils d’HbA1c, Michael Leutner préconise l’utilisation accrue du test de tolérance au glucose oral (TTGO), un outil plus sensible pour détecter le diabète à ses débuts, mais qui nécessite un jeûne préalable et des mesures répétées de la glycémie après l’ingestion d’une boisson sucrée. Les hommes sont plus susceptibles d’avoir des taux de glucose élevés détectés lors d’analyses sanguines de routine, tandis que les femmes présentent plus souvent une altération de la tolérance au glucose, qui ne peut être mesurée qu’avec le TTGO. La détection précoce du diabète de type 2 est essentielle pour réduire les risques associés, notamment les maladies cardiovasculaires. Bien que les hommes soient plus susceptibles de développer des maladies cardiaques en général, le diabète de type 2 inverse cette tendance, avec un risque de décès par maladie cardiaque lié au diabète 50 % plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Même dans ce contexte, les maladies cardiaques peuvent être détectées plus tardivement chez les femmes.

Les différences sociales jouent également un rôle. Certaines femmes peuvent minimiser la gravité de la maladie, tandis que les cliniciens peuvent sous-estimer les risques et prescrire moins fréquemment des médicaments cardioprotecteurs aux femmes diabétiques. Il est crucial que les recherches futures tiennent compte des différences entre les sexes, car historiquement, les femmes ont été sous-représentées dans les études qui ont façonné les directives sur le diabète de type 2. Ignorer ces différences nuit aux deux sexes, car les résultats sont faussés.

La lutte contre le diabète de type 2 exige une approche adaptée au genre, une compréhension approfondie des facteurs hormonaux, une réévaluation des outils de diagnostic et une sensibilisation accrue aux risques spécifiques aux femmes. Seule une telle approche permettra de réduire les inégalités et d’améliorer la santé des femmes.

Cet article a été fait a partir de ces articles:

https://www.wired.com/story/why-women-with-type-2-diabetes-are-diagnosed-later-than-men/, https://www.wired.com/story/the-milky-way-has-a-mysterious-broken-bone-nasa/, https://www.wired.com/story/paraparticles-would-be-a-third-kingdom-of-quantum-particle/, https://www.wired.com/story/if-you-want-to-claim-the-solar-tax-credit-install-now/, https://www.wired.com/story/new-research-energy-electricity-artificial-intelligence-ai/

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