Everest et le Xénon: Dopage du futur ou placebo de luxe?
L’ascension éclair du Mont Everest par une équipe britannique a suscité un mélange d’admiration et de suspicion. Leur secret? L’inhalation de xénon avant le voyage. Mais derrière cette prouesse se cache une question brûlante : le xénon est-il la potion magique des alpinistes de demain, ou simplement un effet placebo coûteux ?
Pour comprendre l’enjeu, il faut d’abord saisir les défis extrêmes posés par l’ascension de l’Everest. Situé dans la chaîne de l’Himalaya, le Mont Everest culmine à plus de 8 800 mètres, une altitude où l’air se raréfie, privant le corps d’oxygène. L’ hypoxie, ou manque d’oxygène, peut provoquer le mal des montagnes, un ensemble de symptômes débilitants allant de la fatigue à l’œdème pulmonaire, potentiellement mortel. L’acclimatation, un processus graduel d’adaptation à l’altitude, est donc cruciale, nécessitant des semaines passées à des altitudes intermédiaires.
Le xénon, un gaz noble – c’est-à-dire chimiquement inerte – a attiré l’attention pour ses propriétés potentiellement dopantes. Bien connu dans le monde médical pour ses effets anesthésiques et neuroprotecteurs (notamment suite à des traumatismes crâniens en limitant l’excitotoxicité liée à l’activation des récepteurs NMDA), il suscite également l’intérêt dans le domaine du sport. Des études ont montré que le xénon peut stimuler la production d’érythropoïétine (EPO), une hormone qui booste la production de globules rouges. Ces derniers transportent l’oxygène dans le sang, une capacité cruciale dans l’environnement hypoxique de l’Everest.
Cependant, l’efficacité du xénon en altitude reste controversée. Andrew Subudhi, spécialiste de la physiologie humaine en environnement pauvre en oxygène, tempère les ardeurs : « Peut-être qu’il y a quelque chose. Nous ne savons tout simplement pas. D’après les preuves scientifiques, je ne vois rien de définitif, ni même une preuve de concept ». Davide Cattano, anesthésiologiste, ajoute que l’augmentation du facteur inductible par l’hypoxie 1-alpha (HIF-1α), précurseur de l’EPO, induite par le xénon ne justifie pas des capacités « surhumaines ».
Une étude de 2019 a testé l’effet du xénon sur des coureurs, montrant une augmentation de l’EPO, mais sans amélioration des performances athlétiques. Même l’injection directe d’EPO ne garantit pas une meilleure tolérance à l’altitude, comme l’ont constaté Subudhi et ses collègues. Alors, le xénon est-il un atout négligeable ? Pas si sûr. Outre son effet potentiel sur l’EPO, le xénon pourrait agir comme analgésique et anesthésiant, atténuant les douleurs et la fatigue liées à l’altitude, avance Cattano. De plus, l’inhalation d’un gaz dense comme le xénon pourrait modifier la capacité pulmonaire.
Cependant, un autre facteur entre en jeu : les alpinistes avaient suivi une pré-acclimatation en dormant dans des tentes hypoxiques avant le voyage, stimulant ainsi la production d’EPO. Il est donc difficile de démêler l’effet du xénon de celui de la pré-acclimatation et de l’entraînement intensif. Alors pourquoi le xénon attire-t-il autant ? La réponse est simple : sur l’Everest, où la survie est une lutte acharnée, la moindre petite chance d’amélioration peut justifier un investissement, malgré le coût exorbitant du xénon. « Les gens se battent littéralement pour leur vie en haute altitude, et s’ils font des choses qui peuvent leur donner une petite chance d’améliorer leur taux de réussite, oui, cela pourrait en valoir la peine pour certains », souligne Subudhi.
En fin de compte, l’ascension éclair de l’Everest par l’équipe britannique soulève des questions éthiques et scientifiques. Le xénon représente-t-il une nouvelle forme de dopage, potentiellement indétectable, ou un simple coup de pouce psychologique ? Seules des recherches plus approfondies pourront trancher. En attendant, le mystère plane, alimentant les spéculations et ouvrant la voie à de nouvelles explorations des limites du corps humain en altitude.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.scientificamerican.com/article/did-inhaling-xenon-gas-really-help-mount-everest-climbers-reach-the-summit/, https://www.scientificamerican.com/article/nasas-goddard-institute-for-space-studies-faces-eviction-under-trump-plan/, https://www.scientificamerican.com/article/astronomers-discover-mysterious-object-bursting-with-x-rays/, https://www.scientificamerican.com/article/spacexs-ninth-starship-test-flight-delivers-mixed-results/, https://www.scientificamerican.com/article/how-youtube-star-derek-muller-of-veritasium-is-challenging-scientific/
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