La ‘Diplomatie du Petit-Déjeuner’ de Bayrou : Un Remède Miraculeux ou un Simple ‘Café du Commerce’ Gouvernemental ?
François Bayrou, figure politique incontournable, a introduit une innovation intrigante dans les arcanes du pouvoir : la ‘diplomatie du petit-déjeuner’. Mais derrière cette image bucolique de croissants et de jus d’orange, se cache une réalité bien plus complexe, oscillant entre outil de cohésion gouvernementale et simple rituel improductif.
Ces rencontres matinales, qui débutent à 7h30 à Matignon, réunissent l’ensemble des ministres. À première vue, elles ressemblent à un Conseil des ministres allégé, sans la présence du Président de la République. Bayrou y fait le point sur des dossiers transversaux et, selon son entourage, ‘anime une équipe qui compte des personnalités d’horizons différents’. Le Premier ministre insiste sur l’importance du ‘collectif’ gouvernemental, et un ou deux ministres présentent des sujets techniques. Un micro circule, favorisant une libre circulation de la parole.
Il est important de noter que le terme ‘transversal’ en politique se réfère à des sujets qui touchent plusieurs ministères ou domaines d’action gouvernementale. Un sujet ‘transversal’ nécessite donc une coordination entre différentes administrations.
Si l’objectif affiché est de fluidifier les échanges et de nourrir l’esprit d’équipe au sein d’un gouvernement composite, la ‘diplomatie du petit-déjeuner’ suscite des interrogations. Car, paradoxalement, ce n’est pas lors de ces rencontres que les décisions cruciales sont prises. Celles-ci sont réservées à des comités plus restreints. Un jeune ministre confie y voir surtout l’intérêt de ‘savoir ce que préparent les autres’, tandis qu’un autre souligne l’opportunité de ‘créer du lien’ avec ses collègues.
Un ministre issu des Républicains (LR), parti traditionnellement de droite, avoue même être agréablement surpris par la découverte de ministres macronistes qu’il ne connaissait pas personnellement. Cela suggère que ces petits-déjeuners peuvent contribuer à briser les silos et à favoriser une meilleure compréhension mutuelle entre les différentes sensibilités politiques au sein du gouvernement.
Parallèlement, Bayrou organise tous les mardis des petits-déjeuners de la majorité, réunissant les chefs des groupes parlementaires censés le soutenir à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pourtant, personne ne le considère réellement comme le ‘chef de la majorité’, une expression qui suscite même l’ironie compte tenu de la majorité relative à l’Assemblée et du manque d’unité affiché par ce ‘socle commun’. Les parlementaires préfèrent le terme de ‘coordinateur’.
Ces rencontres ont pour but de mettre en musique le travail législatif et de créer un espace d’échange entre des figures politiques comme Laurent Wauquiez (LR) et Gabriel Attal (Renaissance), qui ont peu d’occasions de se rencontrer. Certains profitent de ces occasions pour exprimer leurs frustrations, comme Laurent Wauquiez, connu pour ses critiques ouvertes à l’égard de la méthode gouvernementale. D’ailleurs, il a récemment boycotté un de ces petits-déjeuners après une séance agitée à l’Assemblée.
Malgré ces efforts, l’efficacité de ces rencontres est parfois remise en question. Un chef de groupe parlementaire confie que ce n’est pas le moment le plus productif de sa semaine, résumant l’intérêt de la rencontre à la question du Premier ministre : ‘Qui veut un yaourt ?’. D’autres regrettent un côté ‘café du commerce’ où l’on se contente de commenter l’actualité.
Enfin, un nouveau rendez-vous gastronomique a fait son apparition à Matignon : le dîner réunissant les chefs des partis du socle commun. Cette initiative, qui n’a eu lieu qu’une seule fois, est née dans la foulée de tensions entre Édouard Philippe et François Bayrou. Le Premier ministre a donc décidé de tenter de coordonner également les partis politiques de la majorité, notamment en vue des prochaines élections municipales. Mais l’histoire ne dit pas s’il y avait des yaourts au dessert.
En conclusion, la ‘diplomatie du petit-déjeuner’ de Bayrou apparaît comme une tentative originale de renforcer la cohésion gouvernementale et de fluidifier les échanges entre les différents acteurs politiques. Cependant, son efficacité réelle est sujette à débat. Si elle peut contribuer à briser les silos et à favoriser une meilleure compréhension mutuelle, elle risque également de se transformer en un simple rituel improductif, voire en un ‘café du commerce’ gouvernemental.
Cet article a été fait a partir de ces articles:
https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/francois-bayrou-et-la-diplomatie-du-petit-dejeuner-1713150, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/le-sujet-de-la-fin-de-vie-de-retour-a-l-assemblee-9668617, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/reforme-electorale-un-pas-vers-plus-de-parite-pour-les-communes-de-moins-de-1-000-habitants-6207650, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/presidentielle-2027-le-bloc-central-affiche-son-unite-mais-a-la-fin-il-ne-devra-rester-qu-un-candidat-7879851, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/dans-l-ombre-depuis-des-mois-voire-des-annees-d-anciens-premiers-ministres-veulent-revenir-dans-l-arene-politique-8467254
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