L’objectivité, autrefois pilier sacré de la science et de la recherche, se trouve aujourd’hui assiégée. On assiste à un glissement insidieux où les résultats, les théories et même les protocoles sont de plus en plus influencés, voire dictés, par des agendas politiques, des impératifs économiques et des dogmes idéologiques. Cette dérive, loin d’être anecdotique, menace l’intégrité même de la démarche scientifique et, par conséquent, notre capacité à comprendre et à interagir avec le monde qui nous entoure.

Mais qu’entend-on précisément par « objectivité » scientifique ? Il s’agit d’une posture idéale où le chercheur s’efforce d’éliminer, autant que possible, ses propres biais, ses préjugés et ses croyances personnelles lors de la conception, de la réalisation et de l’interprétation d’une étude. L’objectif est de laisser les données « parler d’elles-mêmes », sans les forcer à entrer dans un moule préconçu. Or, cette objectivité est de plus en plus compromise.

Un des facteurs majeurs de cette érosion est la politisation croissante de la science. Prenons l’exemple du financement de la recherche. Les organismes publics et privés qui allouent les fonds ont souvent des priorités politiques ou économiques bien définies. Cela conduit inévitablement à un biais : les projets de recherche qui correspondent à ces priorités ont plus de chances d’être financés, tandis que ceux qui remettent en question les dogmes dominants sont souvent relégués aux oubliettes. Ainsi, la science devient un instrument au service du pouvoir, au lieu d’être un outil de découverte désintéressée.

Autre aspect préoccupant : la montée en puissance des dogmes idéologiques. Certaines théories, souvent issues des sciences sociales et humaines, sont érigées en vérités indiscutables, et toute tentative de remise en question est immédiatement stigmatisée comme étant « réactionnaire », « sexiste », ou « raciste ». On assiste alors à une forme d’intimidation intellectuelle qui dissuade les chercheurs de s’aventurer sur des terrains jugés « sensibles ». Le résultat est une uniformisation de la pensée et un appauvrissement du débat scientifique.

L’idéologie du wokisme , bien qu’ayant des aspirations louables à la justice sociale et à l’inclusion, est parfois instrumentalisée pour imposer une vision du monde particulière, où les nuances sont gommées et où la complexité des phénomènes est réduite à des schémas simplistes. Cette idéologie peut influencer la manière dont les données sont interprétées, les questions de recherche sont formulées, et les conclusions sont présentées. L’appel à l’inclusion et à la diversité, souvent légitime, peut se transformer en une forme de censure intellectuelle, où certaines voix sont étouffées au nom d’un prétendu « bien commun ».

Les conséquences de cette perte d’objectivité sont potentiellement désastreuses. Des décisions politiques importantes, basées sur des études biaisées ou des données manipulées, peuvent conduire à des erreurs coûteuses et à des politiques inefficaces. La confiance du public dans la science est également ébranlée, ce qui rend plus difficile la lutte contre les fausses informations et les théories du complot. La science, autrefois considérée comme une source fiable de connaissances, risque de perdre sa crédibilité et son autorité morale.

Il est donc impératif de réagir. Il faut défendre l’autonomie de la recherche, garantir la diversité des points de vue, et encourager un débat scientifique ouvert et honnête. Il faut également promouvoir une culture de l’esprit critique, où les hypothèses sont constamment remises en question et où les résultats sont soumis à un examen rigoureux. La survie de la science, et de notre capacité à comprendre le monde, en dépend.

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