La technologie. Un mot qui résonne comme une promesse d’avenir radieux, de solutions miraculeuses à tous les maux de l’humanité. Des smartphones omniprésents à l’intelligence artificielle supposée révolutionner nos vies, on nous vend l’idée d’un progrès inéluctable, d’une marche forcée vers un futur optimisé par les algorithmes et les gadgets. Mais si cette narrative dominante était, en réalité, une gigantesque supercherie, un habile tour de passe-passe visant à masquer une stagnation, voire une régression, bien plus profonde ?

Pour commencer, déconstruisons le mythe du progrès technologique comme force intrinsèquement positive. L’innovation, en elle-même, n’est pas gage d’amélioration. Elle peut tout aussi bien servir des intérêts obscurs, renforcer des inégalités existantes ou même, à terme, menacer notre propre existence. L’histoire regorge d’exemples : des armes sophistiquées qui dévastent des populations entières aux réseaux sociaux qui propagent la désinformation et fragmentent la société, la technologie a un visage ambivalent.

L’argument selon lequel la technologie nous libère du travail pénible mérite également d’être scruté avec suspicion. Certes, des tâches autrefois manuelles sont aujourd’hui automatisées. Mais cette automatisation s’accompagne souvent d’une précarisation accrue de l’emploi, d’une pression constante à la performance et d’une aliénation nouvelle, celle de l’individu face à une machine qu’il ne comprend plus et qui le dépasse. On nous promet la « singularité » – le moment hypothétique où l’intelligence artificielle surpassera l’intelligence humaine – mais on oublie de nous dire ce qu’il adviendra des millions de personnes dont le travail sera rendu obsolète.

Par ailleurs, la complexité croissante des technologies modernes rend leur contrôle démocratique de plus en plus illusoire. Les algorithmes qui gouvernent nos vies sont des boîtes noires opaques, conçues par des experts inaccessibles et soustraites au débat public. Les plateformes numériques, devenues les nouveaux seigneurs féodaux de l’information, exercent un pouvoir considérable sur nos opinions et nos comportements, sans rendre de comptes à personne. La surveillance de masse, rendue possible par les technologies de pointe, érode nos libertés individuelles sous couvert de sécurité.

Il est crucial de distinguer la véritable innovation du simple gadget. Beaucoup de prétendues avancées technologiques ne sont que des améliorations marginales de produits existants, conçues pour stimuler la consommation et alimenter la machine capitaliste. L’obsolescence programmée, la culture du jetable et la course effrénée à la nouveauté témoignent d’une logique perverse qui privilégie le profit à court terme au détriment de la durabilité et du bien-être collectif.

Alors, comment échapper à cette illusion technologique ? Il est impératif de développer un esprit critique face aux discours promotionnels et de remettre en question les dogmes du progrès. Il faut exiger la transparence des algorithmes, le contrôle démocratique des technologies et la protection des libertés individuelles. Il est temps de réaffirmer que la technologie doit être au service de l’humain, et non l’inverse. Refusons d’être les cobayes consentants d’une expérimentation technologique dont nous ne maîtrisons ni les enjeux ni les conséquences. Osons imaginer un futur où le progrès ne se mesure pas en gigaoctets ou en nombre d’applications, mais en termes de justice sociale, de bien-être et de respect de l’environnement.

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