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Le Grand Pari Nucléaire Transatlantique : Entre Promesses Énergétiques et Subversions Discrètes

Un accord colossal, chiffré en milliards, vient d’être scellé entre le Royaume-Uni et les États-Unis : le « Partenariat Atlantique pour l’Énergie Nucléaire Avancée ». Officiellement, il s’agit d’accélérer la construction de réacteurs nucléaires de nouvelle génération sur le sol britannique, notamment dans le nord-est de l’Angleterre (Hartlepool), et de fournir une source d’énergie fiable et à faible émission de carbone à des secteurs énergivores, en particulier les centres de données dédiés à l’intelligence artificielle. On parle de jusqu’à 12 réacteurs modulaires avancés (AMR) construits par Centrica et X-energy, capables d’alimenter 1,5 million de foyers et de créer potentiellement 2 500 emplois. Des géants comme Holtec, EDF Energy et Tritax investiront massivement dans des centres de données alimentés par de petits réacteurs modulaires (SMR) dans le Nottinghamshire. Rolls-Royce et BWXT verront leur collaboration renforcée. Mais derrière les promesses de croissance verte et d’indépendance énergétique, se cachent des enjeux bien plus complexes.

Pour comprendre ce qui se joue, il est crucial de décrypter certains termes. Un réacteur modulaire avancé (AMR) est, comme son nom l’indique, un réacteur nucléaire de conception plus récente et souvent plus sophistiquée que les modèles traditionnels. Ces réacteurs utilisent des technologies différentes pour le refroidissement du cœur (gaz, métaux) et sont conçus pour être plus sûrs et plus efficaces. Les petits réacteurs modulaires (SMR) partagent le même objectif, mais se distinguent par leur taille réduite, représentant environ un tiers de la capacité de production des réacteurs conventionnels. L’avantage des SMR et des AMR réside dans leur construction en usine, par modules, ce qui réduit les coûts et les délais de construction.

L’annonce officielle insiste sur la modernisation du parc nucléaire britannique, vieillissant et composé de huit centrales gérées par EDF Energy. La plupart, construites entre les années 1960 et 1980, arrivent en fin de vie. Heysham 1 et Hartlepool, initialement prévus pour le démantèlement en 2026, voient leur durée de vie prolongée d’un an, tandis que Heysham 2 et Torness gagnent deux ans. Cette prolongation, bien que présentée comme une mesure transitoire, soulève des questions sur la capacité du Royaume-Uni à respecter ses engagements en matière de transition énergétique, et son potentiel besoin criant d’éléctricité.

Le nucléaire représente actuellement environ 15% de la production d’électricité britannique, loin de son pic des années 1990 (25%). Jusqu’aux années 2010, le charbon et le gaz dominaient, mais en 2024, l’éolien a pris la première place (30%), devant le gaz (26,3%). Ce basculement s’explique par l’essor de l’éolien offshore et la réduction de l’utilisation des énergies fossiles. Le « Partenariat Atlantique » est donc présenté comme un moyen de garantir une source d’énergie complémentaire, stable et « bas carbone ».

Cependant, il est permis d’émettre quelques doutes. L’empressement à construire ces réacteurs, notamment pour alimenter des centres de données d’IA, n’est-il pas un aveu implicite de l’incapacité des énergies renouvelables à répondre à la demande croissante d’électricité ? La promesse de 40 milliards de livres de retombées économiques pour les entreprises américaines ne masque-t-elle pas une forme de néo-colonialisme énergétique, où le Royaume-Uni devient un terrain d’expérimentation pour des technologies nucléaires encore en développement ? La complexité et les risques associés à la construction et à l’exploitation de centrales nucléaires, même modulaires, sont-ils suffisamment pris en compte dans un contexte de course à la puissance de calcul et à l’intelligence artificielle ?

Si la Chine construit des réacteurs en 5 à 6 ans grâce à une standardisation et un soutien gouvernemental fort, et si le Japon le faisait en 3 à 4 ans avant Fukushima, la moyenne mondiale est d’environ 7 ans, avec des dépassements fréquents. L’objectif affiché de « rapidité » et de « coût réduit » ne risque-t-il pas de sacrifier la sécurité et la transparence ? En somme, le « Partenariat Atlantique » est bien plus qu’un simple accord énergétique. C’est un pari risqué sur l’avenir du nucléaire, avec des implications géopolitiques, économiques et environnementales profondes, qui méritent d’être scrutées avec un esprit critique aiguisé.

Cet article a été fait a partir de ces articles:

https://www.aljazeera.com/news/2025/9/18/us-and-uk-sign-major-nuclear-power-deal-what-does-it-include?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/video/fault-lines/2025/9/18/the-disappearance-of-dr-abu-safiya?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/news/2025/9/18/us-right-shifts-tone-on-social-media-censorship-after-charlie-kirks-murder?traffic_source=rss, https://www.aljazeera.com/sports/2025/9/18/walcott-wins-javelin-gold-as-chopra-nadeem-disappoint-at-athletics-worlds?traffic_source=rss

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