La course à la présidence de 2027 est officiellement lancée, et au Rassemblement National, l’atmosphère est électrique. Un récent sondage, commandé par le groupe de réflexion « Hexagone » (un cercle libéral-conservateur proche du RN, mais désormais soupçonné de favoriser Bruno Retailleau), a semé le trouble en testant non pas la candidature attendue de Marine Le Pen, mais celle de son dauphin, Jordan Bardella. L’objectif, selon certains députés, est de « semer la zizanie » au sein du parti.

Cette initiative a provoqué une levée de boucliers de la part de l’entourage de Marine Le Pen, qui a exigé d’être incluse dans les tests. Le sondage initial suggère-t-il une potentielle érosion de son électorat, ou une simple stratégie de diversification du RN ? La question reste ouverte, mais l’incident révèle une fragilité latente au sein d’une formation politique qui prône l’unité. La position de Bardella se consolide et il serait le candidat désigné si l’inéligibilité de Marine Le Pen venait à être confirmée en appel.

Le RN, soucieux de projeter une image de cohésion, insiste sur le caractère complémentaire du tandem Le Pen-Bardella. Pourtant, les agissements récents de ce dernier trahissent une ambition personnelle qui ne passe pas inaperçue. Il multiplie les prises de position publiques, parfois en décalage avec la ligne directrice de Marine Le Pen. Sa récente tribune dans le Journal du Dimanche, où il s’oppose à la loi sur l’aide à mourir alors que Marine Le Pen souhaite laisser la liberté de vote à ses troupes, en est une illustration flagrante. Il prépare également un second livre, une « ode à la France du travail », et planifie des voyages à l’étranger (dont les destinations sont pour l’instant secrètes). Ces initiatives, bien que présentées comme des efforts pour renforcer sa stature, sont interprétées par certains comme une préparation active à une éventuelle candidature présidentielle.

L’affaire Dati, une bombe à retardement pour Renaissance :

Ailleurs, dans le camp présidentiel, la situation est tout aussi explosive. L’hypothèse d’une candidature de Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture, aux municipales de Paris en 2026 divise profondément Renaissance. Des figures historiques du mouvement, comme Clément Beaune et Agnès Buzyn, s’opposent farouchement à son investiture, remettant en question ses valeurs et son intégrité. La ministre est en effet mise en examen dans l’affaire Carlos Ghosn pour corruption, et a récemment été épinglée pour avoir omis de déclarer 420 000 euros de bijoux à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP).

La HATVP, pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’acronyme, est une autorité administrative indépendante chargée de contrôler les déclarations de patrimoine et d’intérêts des responsables publics. Son rôle est crucial pour garantir la transparence et prévenir les conflits d’intérêts.

Mais ce qui irrite particulièrement certains macronistes, c’est le double jeu de Rachida Dati, qui a conservé sa carte chez Les Républicains (LR) et qui est accusée de soutenir activement la candidature de Laurent Wauquiez à la présidence de LR. Malgré cette controverse, l’investiture de Dati n’est pas encore compromise, car elle bénéficie du soutien d’Emmanuel Macron et de François Bayrou.

Bayrou, l’homme que personne n’aime (sauf peut-être Macron) :

En parlant de Bayrou, le Premier ministre traverse une crise de popularité sans précédent, même au sein de sa propre coalition. Dérapages, improvisation, ambition démesurée… les critiques fusent de toutes parts. Certains le comparent même à Donald Trump, soulignant son manque de rigueur et son approche approximative des dossiers. Sa proposition de référendum sur le déficit public, lancée sans concertation, a également agacé l’Élysée. François Bayrou, figure centrale du paysage politique français depuis des décennies, semble plus isolé que jamais. La question qui se pose est : combien de temps pourra-t-il encore tenir les rênes du gouvernement ?

Mélenchon, le chef de meute ?

Enfin, du côté de La France Insoumise (LFI), une enquête explosive intitulée « La Meute » révèle les méthodes autoritaires et les purges internes qui ont marqué le parti de Jean-Luc Mélenchon. La dévotion totale au chef, la violence entre cadres, l’influence de Sophia Chikirou… le livre promet des révélations embarrassantes sur le fonctionnement interne de LFI et les dérives potentielles d’un mouvement politique dévoué à l’ambition présidentielle d’un seul homme.

En résumé, à trois ans de la présidentielle, le paysage politique français est en pleine ébullition. Les alliances se font et se défont, les ambitions se dévoilent, et les scandales menacent de faire imploser les formations politiques les plus solides. La bataille pour 2027 ne fait que commencer, et elle s’annonce plus explosive que jamais.

Cet article a été fait a partir de ces articles:

https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/presidentielle-de-2027-un-sondage-a-fait-sursauter-marine-le-pen-7962313, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/je-ne-la-soutiendrai-jamais-le-scenario-rachida-dati-aux-municipales-de-paris-continue-de-diviser-renaissance-6625447, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/on-va-se-le-taper-jusqu-en-2027-alors-que-tout-le-monde-le-deteste-la-cote-de-popularite-de-francois-bayrou-au-plus-bas-parmi-les-siens-8174907, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/la-meute-une-enquete-qui-menace-d-eclabousser-la-france-insoumise-7706964, https://www.radiofrance.fr/franceinfo/podcasts/le-brief-politique/les-deputes-veulent-faire-le-pont-8729201