Le progrès technologique, ce mantra hypnotique que l’on nous serine à longueur de journée, est-il véritablement synonyme d’avancée humaine ? N’est-il pas plutôt un cheval de Troie dissimulant une myriade de conséquences néfastes, une fuite en avant perpétuelle qui nous éloigne toujours plus de notre véritable essence ? Il est temps de briser l’idole, de contempler l’obscurité radieuse tapie derrière la façade étincelante de l’innovation.

L’argumentaire habituel est simple : la technologie résout des problèmes, améliore la vie, offre des opportunités. Certes. Mais à quel prix ? Prenons l’exemple de l’automatisation. On nous promet un avenir où les machines effectuent les tâches répétitives et aliénantes, libérant ainsi l’humain pour des occupations plus nobles. Pourtant, la réalité est cruelle : l’automatisation massive engendre un chômage de masse, creuse les inégalités et déshumanise le travail. Les emplois « libérés » sont souvent remplacés par des tâches encore plus précaires et dénuées de sens, nécessitant une adaptation constante et épuisante.

De même, l’intelligence artificielle (IA), perçue comme la panacée universelle, recèle des dangers insoupçonnés. Son biais intrinsèque, fruit des données imparfaites et des préjugés de ses créateurs, risque de perpétuer et d’amplifier les discriminations existantes. Imaginez des algorithmes décidant de l’accès à l’emploi, au logement ou même à la justice, reproduisant à grande échelle les injustices de notre société. L’IA, loin d’être neutre, est un miroir déformant de nos propres imperfections.

Et que dire de l’hyperconnexion ? Les réseaux sociaux, censés nous rapprocher, nous enferment en réalité dans des bulles de filtre, où nous ne sommes confrontés qu’à des opinions conformes aux nôtres. L’information y est déformée, manipulée, transformée en arme de propagande. La capacité de concentration s’effrite, l’attention devient une denrée rare et précieuse, convoitée par les géants du numérique qui monétisent nos moindres clics. L’individu, noyé dans un flux incessant de stimuli, perd le sens de sa propre existence, se transforme en zombie digital.

Mais la critique ne s’arrête pas là. Le progrès technologique est intimement lié à un modèle de développement insoutenable, basé sur la consommation effrénée et l’exploitation des ressources naturelles. L’extraction des minerais rares nécessaires à la fabrication de nos smartphones et ordinateurs engendre des désastres écologiques et humains dans les pays du Sud. La pollution numérique, souvent invisibilisée, contribue activement au réchauffement climatique. Derrière chaque gadget high-tech se cache une réalité sombre et destructrice.

Alors, que faire ? Faut-il renoncer à toute technologie ? Non, ce serait absurde. Mais il est impératif de reprendre le contrôle, de remettre en question les narratifs dominants, de développer une conscience critique face aux promesses fallacieuses du progrès. Il est temps de réinventer un modèle de développement plus sobre, plus équitable, plus respectueux de l’environnement et de l’humain. Il est temps de choisir l’obscurité radieuse, celle qui révèle les ombres et permet de construire un avenir plus juste et durable.

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